MANIFESTE UN

Parade : riposte immédiate (efficace) à une attaque.
La vie est ennuyée par ce qui gouverne. Face à la valeur du monde marchand, nous défendons/répandons/répondons un geste inutile : le droit de jouer, représenter, imaginer. Avoir le droit et prendre le droit d 'extraire du réel pour créer tout sauf du réel. L'art permet de créer d'autres ailleurs, d'inventer d'autres normalités. Questionner le réel. Jouer la fiction. Représenter. Réfléchir. Ou simplement décaler le regard. Jouir de l'idée que tout est possible.

Engager l'art dans la vie ; le placer dedans et pas tout à côté. Faire de l'inutile l'utile, pour être vivant, pour être présent. Moins comme une fuite qu'un éveil constant. Pour ressentir, essayer, inventer. “Le jeu est le grand travail de l'enfant” et pourquoi pas celui de l'adulte ?  Créer une fois encore et faire revivre pour de vrai ; “faire et refaire c'est travailler”.


Croire que l'art peut exister partout. Et pour chacun. Croire aussi qu'il peut être populaire sans être altéré. Sans devenir distraction vide, sans perdre son questionnement, son cheminement. Être persuadé qu'il n'est pas divertissement mais refuge vital. C'est cet art là qui doit être accessible à tous. L'inverse de la culture de masse. Il existe où il veut.  
“Je chante pour moi-même, je chante pour moi-même”.

“La rencontre fortuite ne peut être provoquée sauf au théâtre”.
Joueurs, penseurs, créateurs, diseurs c o n s t r u i s e n t   c o l l e c t i v e m e n t, temporairement. Ils inventent quelque chose qui lie les gens, en plus de ce qui les lie dans la forme qu'ils font.
Un collectif n'est pas une masse, il rassemble des individualités dont les différences nourrissent un même ouvrage. En collectif chercher, bousculer, jouer. Échanger, partager. Considérer le public dans cet échange. Habiter l'espace autrement, questionner le corps. Questionner les codes. Questionner notre étrange rapport à l'autre. « Ou je range, ou je dérange tout, mais je ne laisse rien inchangé. »

Lanciner : faire souffrir par des élancements répétés ou tourmenter de façon persistante, obsédante.
L'autorité ne nous clouera jamais le bec. Avoir autre chose à dire que ce qu'on attend qu'on dise : avoir de l'inspiration, être inspiré. Ce serait si triste une vie sans avoir été inspiré par rien. Rejouer tout pour comprendre, inventer du faux pour sortir des codes qui nous bloquent à des tâches qui ne sont pas réellement ce dont on a besoin. Inventer des cérémonies jubilatoires du simulacre et que le faux devienne incontestable. Une ode à la tricherie. Créer de toute pièce quelque chose. C'est du travail d'inventer autre chose. Résister.

Prudence : attitude d'une personne qui agit de manière à éviter les erreurs, les risques. Risquer : s'engager dans une entreprise incertaine.
Rechercher sans savoir où on va. Sans résultat peut-être aussi. Le goût du chantier. Le faire dans un réel partage, une joie simple.

Se défaire des rôles. Les racines ne pèsent pas comme un héritage, on ne les oublie pas, mais on peut réécrire sans elles. Avoir le droit d'être autre, et se dire qu'on peut être autre sans être obligé d'aller ailleurs pour l'être. Être autre pour parler des autres. Là-bas si j'y suis, un soi plus universel. Se dire qu'on est peut-être libre à cet endroit. Pour se dire à n'importe quel endroit, à chaque instant. C'est celui qui dit qui est.





juin 2019

















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